Qu’est-ce que le syndrome du sauveur ?
Le terme sauveur désigne celui qui porte secours à l’autre et plus généralement à l’instar de ses propres besoins.
On parle de syndrome du sauveur, car ce désir d’aider autrui peut devenir bien plus qu’un simple geste de gentillesse ; un véritable besoin.
Il n’existe pas de pathologies proprement dites du « syndrome du sauveur ». Cependant, ce besoin de secourir peut devenir si envahissant qu’il peut prendre la forme d’une véritable pathologie.
1- caractéristiques
Le « sauveur » est souvent perçu comme une personne très attentionnée, dévouée, toujours prête à rendre service. Il symbolise souvent la fiabilité et est source de confiance.
Sans en avoir conscience, le « sauveur » se lie le plus souvent de personnes vulnérables (en souffrance, en dépression, dans le besoin…) et s’inscrit dans une compulsion relationnelle. Il faut absolument leur venir en aide même si cela signifie qu’il doit se mettre lui-même de côté pour le bien d’autrui. Ainsi, les relations affectives (amicales ou conjugales) sont souvent construites sur des rapports : « victime/sauveur ». Même si le terme victime parait très fort, il illustre surtout le besoin du « sauveur » d’être inscrit dans une relation ou il sera en position d’aidant.
2- Souffrances
Ce n’est pas parce que le « sauveur » est celui qui se plaint le moins qu’il ne souffre pas. Bien au contraire, ses souffrances sont parfois sourdes et/ou enfuies.
Il garde la tête pour ne pas paraitre vulnérable, mais se sent parfois délaissé, abandonné, rejeté. En effet, si il se veut présent pour les autres, peu sont vraiment présents pour lui. Ce qui peut engendrer énormément de souffrances et d’insatisfactions dans les relations.
Cette liste n’est pas exhaustive, elle a surtout pour but de mettre en avant que les sauveurs peuvent adopter différentes formes de comportements.
En relation de couple :
- Le sauveur éprouve des difficultés à rencontrer la personne qui lui correspond vraiment, car s’il pense ne pas avoir d’attentes particulières/précises. Il peut néanmoins ressentir de la déception et percevoir des manquements en termes de manifestations affectives du partenaire.
Le sauveur peut s’inscrire dans des relations avec dépendance affective
Célibataire :
- S’il a rencontré plusieurs déceptions amoureuses, le « sauveur » aura tendance à préférer le célibat pour ne pas retomber dans des relations de (co-)dépendance affectives. Il s’investit cependant pleinement dans ses relations amicales, familiales ou professionnelles. Dans lesquelles, il peut développer une autre forme de dépendance.
Le sauveur peut avoir une carapace pour se protéger des relations douloureuses. Ce qui est également source de souffrance
- Dans la famille
Le sauveur a une place particulière au sein de sa famille, il symbolise généralement le liant, celui qui rassemble tout le monde même lorsqu’il y a conflit.
Le sauveur a une position sacrificielle, car il a tendance à s’oublier au profit des gens qu’il aime.
3- Un besoin d’amour et de reconnaissance
Même s’il n’en a pas toujours conscience, « le sauveur » a souvent besoin de se sentir indispensable. Cela répond à une faille narcissique inconsciente et donc, a un besoin de reconnaissance, de valorisation et d’amour.
De plus, le « sauveur » éprouve très souvent le besoin d’être approuvé, il est avide de gratitude. S’il ne supporte pas la souffrance d’autrui, c’est sans doute parce qu’elle le renvoie à sa propre souffrance (très souvent inconsciente) et de son besoin d’être lui-même sauvé, de guérir les blessures de son passé, de restaurer une estime de soi endommagée.
4- Origine(s)
Les origines peuvent être diverses et variées en fonction de l’histoire et des blessures de chacun. Néanmoins, il est indéniable que le « syndrome du sauveur » trouve son origine dans l’enfance du concerné.
Les différents patients que j’ai accompagnés en cabinet avaient pour point commun :
- une enfance marquée par la parentification (La personne a été précocement placée dans un rôle de sauveur vis à vis de l’un de ses parents (mère infantile, père handicapé…), d’un frère ou d’une sœur (dont il fallait prendre soin)
- un parent qui s’est sacrifié pour son partenaire ou un proche.
- une place de soutien dans la famille, etc…
Le « sauveur » a souvent un système d’attachement dit « insécure » (voir prochainement article sur les différents systèmes d’attachement)
A l’âge adulte, le sauveur est souvent dépossédé de toute individualisation, et a tendance a reproduire le scénario originel. Il est difficile pour le sauveur de prendre soin de lui-même.
5- Possibilités de guérison
La place de « sauveur » n’est pas indélébile. La prise de conscience est la première étape qui permet justement d’y remédier.
L’espace thérapeutique est un lieu où justement, on prend soin de soi. En cabinet, on travaille sur différents niveaux :
- Identifié l’origine du symptôme,
- L’identification et la compréhension de son système d’attachement
- L’acceptation qui permet d’affronter et de vaincre la culpabilité de ne pas sauver l’autre, sans se penser responsable de sa souffrance.
- L’acceptation de ses propres limites et de sa propre souffrance
- Se recentrer sur soi et ses propres besoins
- La confiance et l’estime de soi